N’oublions pas les salariés de Boiron

C’est acté : l’homéopathie sera progressivement déremboursée. On ne peut que se réjouir de cette décision.

Dans une précédente publication, j’alertais toutefois sur la question de l’emploi chez Boiron :

Pourquoi l’homéopathie ne sera-t-elle déremboursée que dans deux ans ?

La fin du remboursement va sans doute lourdement impacter l’activité de Boiron, d’après moi pour (au moins) deux raisons :

  • Le symbole du déremboursement est très fort, aussi bien du côté des patients que du côté des médecins susceptibles de prescrire l’homéopathie
  • Les patients seront-ils prêts à accepter une prescription non-remboursée ? Dans le doute, il me semble probable que les médecins évitent à l’avenir de proposer ce type de prescriptions.

Lorsque l’homéopathie avait vu son seuil de remboursement abaissé dans le passé, l’activité de Boiron n’avait pas été tellement impactée. Il me semble toutefois qu’ici, la situation pourrait être toute autre.

La conséquence ? Boiron va sans doute devoir licencier. Des gens vont se retrouver au chômage. En d’autres termes, avec le déremboursement de l’homéopathie, on a préféré le bien-être des patients à celui des salariés de Boiron.

Pourquoi ? Parce que le chômage a des conséquences terribles sur la santé et le bien-être de celles et ceux qui en sont victimes : risques de suicidée augmentés, dépression, anxiété, isolement social… Ces conséquences sont très largement documentées.

Alors j’entends les critiques contre certains politiciens, comme celle-ci :

Ou encore celle-ci :

Ou celle-là :

https://twitter.com/ecosceptique/status/1148926333910683653?s=21

Mais lorsqu’ils mettent en avant le risque sur l’emploi (comme Xavier Bertrand), faire mine de ne pas les entendre à ce sujet me pose un vrai problème. Car des gens vont souffrir de cette décision, et il me semble que la moindre des choses serait de ne pas l’oublier.

Les gens qui travaillent chez Boiron ont-ils choisi d’y travailler ? Pour une part significative d’entre eux, sans doute pas : ils ont pris l’emploi qui se présentait à eux. Et même si c’était le cas, avons-nous le droit moral de les punir avec quelque chose d’aussi violent que le chômage parce qu’ils travaillent pour une entreprise dont le « médicament » ne fonctionne pas ? Ça me paraît un peu extrême comme position…

Encore une fois, je suis satisfait du déremboursement de l’homéopathie, qui va améliorer la santé de nombreux patients. Et je pense que de nombreux politiques défendent bien faiblement leur position contre cette décision. Mais je ne pense pas que ça soit une raison suffisante pour jeter les salariés de Boiron sous le bus. D’autant que cette décision va permettre de faire des économies : pourquoi ne pas les réutiliser pour reclasser ces salariés bientôt au chômage ?

Après tout, Boiron a pu se développer et les embaucher uniquement parce que la Sécurité Sociale remboursait l’homéopathie. En un sens, c’est donc un peu de sa faute aussi si ces gens ont été embauchés. Est-ce si délirant de mettre quelques moyens pour leur offrir une porte de sortie qui ne passe pas par la case chômage ?

Quoi que l’on réponde à cette question, j’espère a minima vous avoir fait prendre conscience qu’elle n’était pas aussi neutre ou simple qu’il n’y paraît.

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Bonjour, c'est Olivier – alias L'Économiste Sceptique 🙂

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