On dit souvent que la forme la plus convaincante de preuve scientifique est la méta-analyse, qui agrège les résultats de centaines d’études. Ces méta-analyses participent ainsi à situer le consensus scientifique, ou son absence.
Toutefois, il n’y a pas, en économie, de tradition des méta-analyses. Souvent, on se repose sur l’avis de « stars » pour identifier ce qui fait référence. Toutefois, les « stars » ne représentent pas nécessairement l’avis de la profession, d’autant moins lorsque l’on sait que le milieu académique n’est pas une méritocratie1. Un tel système hiérarchique n’est donc pas un instrument fiable d’évaluation du consensus scientifique (déso pas déso pour celles et ceux qui ne jurent que par « Paris », le classement CNRS des revues ou les CV rutilants).
Alors comment faire pour mesurer le consensus scientifique en économie ? Faut-il pousser pour l’adoption des méta-analyses ? Mener des sondages et interroger directement les chercheurs ? Mesurer le corpus textuel des publications scientifiques ? Utiliser les méta-données des publications pour évaluer les tendances ? Etc.
Afin d’explorer ces tendances, j’ai déposé une demande fin mars à l’Institute of New Economic Thinking (INET), une organisation de soutien à la recherche en économie basée à New-York. L’objet de la demande était le financement d’un workshop, organisé par mes soins avec le soutien de mon laboratoire, le Bureau d’Économie Théorique et Appliquée (BETA) situé à Nancy, pour explorer ces questions.
Je suis très heureux de vous annoncer que ma demande a été retenue ! Le workshop aura donc lieu à Nancy le 22 novembre 2019. Je suis très excité d’explorer ces questions, et de travailler à constituer un groupe de chercheurs et chercheuses impliqué.e.s sur ces questions. Les informations au sujet de ce workshop seront publiées sur mon site professionnel, à cette adresse.
Un dernier point : l’idée d’explorer ce champ de recherche m’est venu lors de mon activité de vulgarisateur, à l’époque du Signal Économie. Je trouve ça vraiment cool que la vulgarisation et la recherche scientifique s’interpénètrent de la sorte, même si ça n’était pas du tout l’objectif. Donc merci à toutes celles et à tous ceux qui me suivent depuis toutes ces années, c’est à partir de nos interactions que j’ai eu cette idée de workshop ! Mais pas que, car je travaille sur d’autres projets sur le même sujet 😉