Que faire des ressources en anglais ?

Au début du mois dernier, je vous avais interrogé par sondage. La question posée était la suivante :

J’ai pas mal de ressources en anglais sur la science éco, qu’aimeriez-vous que j’en fasse sur L’Économiste Sceptique ? (Je vous demande l’option qui *vous* plairait le plus)

Vous avez été trente à répondre, et voici une analyse (rapide) de vos réponses.

Trois réponses étaient possibles :

  • Adapter les ressources en français
  • Diffuser ces ressources en anglais
  • Ne rien faire

Très clairement, vous avez envie que j’en fasse quelque chose :

J’ai agrégé le nombre de votes pour « Adapter les ressources en français » et « Diffuser ces ressources en anglais » pour construire la catégorie « Faire quelque chose ».

Mais que j’en fasse quoi exactement ? Que je les adapte en français, ou que je les publie « telles qu’elles » en anglais ?

D’une courte majorité1Vu la petite taille de l’échantillon, la marge d’erreur de ce sondage est considérable, alors je préfère rester prudent., vous préférez que ça soit en français :

Je ne suis pas tellement étonné de ces résultats, et pour cause : L’Économiste Sceptique est un média… francophone. Il est donc logique qu’une partie substantielle de ses lecteurs veuillent du contenu en français.

Vu de ma fenêtre, l’arbitrage entre les deux langues est le suivant : publier en français demande plus de travail, car il faut adapter. En anglais, c’est plus rapide. Mais en anglais, ça touchera vraisemblablement moins d’entre vous.

Je n’ai pas de préférences personnelles sur la langue. Je vais me plier au résultat du sondage. Je vais toutefois prendre le temps de réfléchir à un format intéressant et pas trop lourd à produire.

Karl Popper sur la réfutabilité des théories scientifiques

Une théorie qui n’est réfutable par aucun évènement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. Pour les théories, l’irréfutabilité n’est pas (comme on se l’imagine souvent) vertu mais défaut.

Karl Popper dans Conjectures and Refutations: The Growth of Scientific Knowledge (1963) via Cortecs

Une nouvelle page d’accueil

Je vois L’Économiste Sceptique comme un projet de long terme, et qui, à ce titre, mérite que je prenne le temps de faire correctement les choses. L’une des erreurs que j’ai commises avec Le Signal Économie a été de trop souvent me précipiter ; l’enjeu est de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Je veux avancer avec humilité, méthode et détermination.

Lorsque j’ai lancé le site, il a bien fallu que je créé une page d’accueil. J’avais rapidement bidouillé quelque chose, en ayant en tête que ça ne serait que provisoire. Après plusieurs mois de réflexion et de travail, je suis content d’annoncer que la véritable page d’accueil est désormais en ligne.

Affichage du contenu récent

Elle n’est ni révolutionnaire, ni fondamentalement différente de la précédente. Elle met toutefois bien mieux en avant tous les types de contenu offerts par L’Économiste Sceptique, et notamment la Lettre, le Blog et le Mur. C’était surtout ça qui manquait avec la précédente version.

Affichage du contenu supplémentaire

Elle évoluera sans doute à la marge, pour l’ajuster finement. Mais globalement, elle ne devrait plus bouger. Je considère ce chantier comme achevé.

Affichage du formulaire de recherche

J’en ai également profité pour mettre en ligne une nouvelle bannière qui affiche plus clairement le logo ainsi que le slogan. Et j’ai simplifié et fusionné les différents menus : les principaux éléments du site sont désormais accessible dans un menu unique en haut de chaque page (sur ordinateur) ou dans le menu hamburger (sur smartphone).

Menu réorganisé et nouvelle bannière

Même si les menus sont de manière générale peu utilisés, on peut espérer que cette réorganiser favorise la sérendipité sur L’Économiste Sceptique – que j’observe déjà dans les statistiques de fréquentation.

Vous pensez que votre patron est incompétent ? Vous avez sans doute raison

Allez, pour une fois je vais partager un article de recherche en économie !

Souvent, le grand public n’a aucune idée des recherches que font réellement les économistes – et ce que j’entends par « réellement », c’est : pas si on écoute les « critiques » dont la critique consiste en un énorme homme de paille sur la science économique. Et il m’a semblé que cet article était un bon moyen de démystifier un peu tout ça.

Comme le suggère le titre, l’idée selon laquelle un patron, ou boss, ou manager, est incompétent est une idée assez répandue. On a sans doute tous.tes des anecdotes et exemples en tête. Dans un article publié en 2007 dans le Quarterly Journal of Economics, l’une des meilleures revues au monde, deux économistes ont mesuré les pratiques managériales dans quatre pays : la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Leur objectif était de quantifier l’efficacité des pratiques managériales.

Sans grande surprise sans doute, ils trouvent que… pour un nombre considérable de firmes, les pratiques managériales sont « extrêmement mauvaises » (extremely bad). C’est d’autant plus vrai dans deux situations :

  • si le marché sur laquelle la firme vend ses produits est peu compétitif
  • si le PDG de la firme est le fils aîné des propriétaires de cette dernière

La première situation s’explique par le mécanisme suivant : si le marché est peu compétitif, cela signifie que les firmes peu productives peuvent y survivre. Il y a en effet peu de concurrents susceptibles d’être meilleurs et qui pourraient les conduire à la faillite. Or, l’article mesure également que les firmes avec les meilleures pratiques managériales sont aussi les firmes les plus productives et les plus rentables. En d’autres termes, si le marché est peu compétitif :

  • les firmes mal gérées peuvent survivre
  • les firmes n’ont pas besoin de faire des efforts et d’implémenter de meilleures pratiques managériales pour survivre

La seconde situation est encore plus facile à expliquer : il n’y a littéralement aucune raison pour que les fils aînés soient de meilleurs managers que les autres. En d’autres termes, ces derniers héritent de positions managériales non pas parce qu’ils ont fait la preuve de leurs capacités, mais simplement parce qu’ils ont eu la « chance » (au sens de : par hasard) de naître les premiers de leur fratrie.

L’article mesure d’ailleurs que les firmes familiales qui font appel à des managers externes ou qui recrutent les managers parmi tous les membres de la famille ne sont pas moins mal gérées que les autres – en moyenne.

Cet effet de filiation se retrouve surtout en France et au Royaume-Uni. Les firmes européennes étant, toujours d’après l’article, moins bien gérées que les firmes états-uniennes.

Êtes-vous étonné.e de la question de recherche, des méthodes et des résultats de cet article ? Si oui, sachez que c’est un article tout à fait « classique » – j’ai choisi de vous le diffuser car il est proche des questions que je me pose dans mes propres travaux de recherche, et aussi parce que je trouve qu’il est à la fois très intéressant et très bien fichu.

L’écotaxe sur les billets d’avion est-elle un « non-sens environnemental » ?

Si l’information vous aviez échappé, le gouvernement français a décidé de mettre en place une éco-taxe sur les trajets en avion au départ du pays. Les montants de la taxe seront modestes :

L’écotaxe sera de 1,50 euro en classe éco pour les vols intérieurs et intra-européens, de 9 euros pour ces vols en classe affaires, de 3 euros pour les vols en classe éco hors Union européenne (UE) et de 18 euros pour ces vols en classe affaires

Sans surprise, les compagnies aériennes y sont opposées, comme Air France. À écouter Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français, la taxe est « un non-sens […] environnemental ». La théorie économique lui donne tort.

En l’état, la taxe a vocation à rendre plus coûteux un service (le transport aérien) qui produit beaucoup de CO2 – ce qui participe au réchauffement climatique. Le problème du CO2 est qu’il est gratuit à produire. Et pour cette raison, on en produit beaucoup trop. C’est ce qu’on appelle une externalité (négative).

Le principe d’une taxe carbone, qui est une incarnation d’un concept plus large appelé « taxe pigouvienne », est de (re)mettre un prix sur ces émissions de CO2, pour en faire diminuer la production. Vous en avez peut-être entendu parler sous le nom du principe « pollueur-payeur ».

Ces écotaxes ont déjà été mises en place dans de nombreux, avec des résultats souvent probants.

Vous pouvez télécharger le rapport complet dont cette page est issue.

Son montant n’est sans doute pas suffisamment élevé pour avoir un impact massif, et son design est discuté. Mais il me semble que dire que cette taxe est un « non-sens environnemental » est clairement exagéré.

En même temps, M. Juin est le président de l’association des aéroports français. On se doute qu’il a tout intérêt à exagérer les choses pour dissuader le gouvernement d’instaurer la taxe, ou pour la rendre impopulaire auprès des citoyens.

Bonjour, c'est Olivier – alias L'Économiste Sceptique 🙂

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